Alimentation : pour une véritable sécurité sociale de l’alimentation

Publié par Florestan Groult le

Intervention sur les questions d'alimentation par Florestan Groult, élu du groupe « Métropole insoumise, résiliente et solidaire », lors du conseil de la métropole de Lyon du 5 octobre 2020.

Intervention sur les questions d’alimentation par Florestan Groult, élu du groupe « Métropole insoumise, résiliente et solidaire », lors du conseil de la métropole de Lyon du 5 octobre 2020.

Délibérations 2020-0200 et 2020-0201. Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le Président, chers collègues,

Sur la délibération 2020-0200

Très rapidement, nous développerons un peu plus notre pensée lors de la prochaine délibération. Que nous a montré ce projet que nous avons longuement discuté en commission ? C’est que, si nous souhaitons mettre en place un nouveau système d’alimentation résilient et durable, la puissance publique devra accompagner la mise en place de nouvelles filières économes en eau et en ressources naturelles. Par ailleurs, les discussions en commission thématique nous ont montré aussi l’importance de la commande publique comme levier pour installer ces nouvelles filières.

Sur la délibération 2020-0201

Familles à alimentation positive poursuit une ambition qui nous concerne toutes et tous : offrir l’accès à une alimentation saine et de qualité pour chacune et chacun. Ce programme nous montre notamment que l’on pourrait augmenter la part des produits issus de l’agriculture biologique dans les repas de tous les jours. C’est un projet qui s’inscrit dans la durée, depuis 2008 c’est un succès. La qualité de ce travail et la pertinence du dispositif ont d’ailleurs permis d’essaimer sur l’ensemble du territoire national.

Ainsi, monsieur le Vice-Président, nous voterons favorablement cette délibération pour voir se poursuivre ce projet, le voir s’inscrire dans la politique de résilience alimentaire à laquelle vous œuvrez mais aussi pour affirmer notre soutien à la mise en œuvre de l’objet associatif de l’Association des agriculteurs biologiques, quelque peu mise à mal, il faut bien le dire, et marginalisée par la politique régionale Auvergne-Rhône-Alpes. Mais permettez-moi, dans le cadre de cette assemblée, de prendre un temps pour considérer comment ce projet, ce défi de Familles à alimentation positive s’inscrit dans ce dernier mandat pour le climat.

L’alimentation est une chose trop sérieuse pour laisser croire que nous sommes égaux et libre face à nos choix alimentaires. Le privilège que j’ai eu, tout à l’heure, d’aller acheter une barre céréalière au distributeur n’est pas donné à tout le monde. D’aucuns pourraient penser que le succès de Familles à alimentation positive réside dans l’éducation alimentaire, dans le “apprendre” à manger, à cuisiner, à faire ses courses. En vérité, et les recherches nous le disent, chacune et chacun, quel que soit son niveau de revenu, sait globalement ce qui est bon pour soi en termes de nourriture et en termes de nutrition. Ce n’est pas là la principale cause du problème.

Le problème, en vérité, c’est que tout le monde n’a pas le choix, faute de revenus, de ce qu’il peut manger. Ainsi, ne nous y trompons pas, le projet Familles à alimentation positive ne réussit pas simplement parce qu’il sensibilise mais parce que, grâce à l’accompagnement, grâce aux outils qu’il met à disposition, grâce à un accès facilité à une alimentation, il redonne pour un temps ce choix qui est ôté à certains.

Ainsi, relever le défi de la précarité alimentaire c’est avant tout permettre de mettre en œuvre ce choix qui est déjà su ou qui est appris lors de ce défi. C’est permettre finalement, largement et de manière pérenne, le droit de collectivement définir ce que nous voulons manger, comment le produire, et comment en assurer l’accès à toutes et tous.

Et cela, et je veux insister là-dessus, ce n’est pas qu’une affaire de comportement individuel dépendant de son porte-monnaie et surtout ce n’est pas juste une simple optimisation, inégale et asymétrique, des marges de manœuvre laissées par un système de production agro-industrielle qui dicte la demande tout en proposant l’offre. Non.

Pour un besoin essentiel tel que l’alimentation, il faut impérativement transformer le modèle de l’offre et de la demande. C’est un modèle qui par définition même, par idéologie en fait aurais-je envie de dire, repose sur la recherche du mieux-disant et relègue en arrière-plan les enjeux sociaux, environnementaux et écologiques. Alors comment ? Comment offrir en fait, sans conditions de revenus, le pouvoir de décider de ce qui se mange et de décider du parcours de production qui doit être mis en place pour satisfaire cette demande ?

Hier, le 4 octobre nous fêtions l’anniversaire des 75 ans de la Sécurité sociale. Un conquis social, un progrès humain qui, bien qu’attaqué au fil des années, a fait ses preuves. Alors que ce progrès est assailli de toutes parts, nous vous invitons aujourd’hui à le défendre, à l’affirmer, à l’étendre même, en se faisant sur la Métropole le précurseur d’une véritable sécurité sociale de l’alimentation, un dispositif innovant qui perce aujourd’hui dans les études et les recherches. Nous nous tenons disponibles pour vous y accompagner dans le cadre de votre politique d’alimentation durable.