Chers collègues, chers agents qui nous regardez, chers citoyens qui nous suivez en vidéo sur la toile,
Toutes nos instances et nos processus délibératifs sont importants, mais ce conseil du 17 mars 2025 l’est particulièrement. Le vote du budget 2025 dans un contexte de choix politique de l’Etat de baisser les recettes des collectivités territoriales va bien sûr être au cœur de nos débats. Mais c’est aussi traversés par une actualité locale, nationale et internationale tumultueuse que nous aurons à nous exprimer et à prendre des décisions pour notre territoire et ses habitants. Nous ne sommes pas une île déconnectée de la géopolitique mondiale, au contraire. Notre groupe voit dans tout cela une occasion collective de nous déciller les yeux.
Un mouvement de grève de nos agents est au premier plan ce matin.
Nous sommes favorables à la grève des agents, nous saluons qu’ils et elles se mettent en mouvement pour de meilleures conditions de travail. Compte tenu du projet politique de la droite libérale, représenté en France par Macron, d’affaiblir les services publics pour accroître les possibilités de marchandisation, tout mouvement de protestation est un point d’appui. Cette grève des agents doit s’inscrire dans la défense des services publics et dans la revendication d’une fonction publique forte. Et toute grève doit s’inscrire dans une convergence des luttes. Ne pas se limiter à une grève sectorielle est déterminant. Les pompiers professionnels sortent de 5 mois de grève, ils ont bien besoin de soutien. Les services d’urgence de l’hôpital privé Jean Mermoz sortent d’un mois de grève également, eux aussi mérite d’être soutenus. Ce sont les mêmes causes nationales d’austérité budgétaire qui causent les mêmes effets, ici et là. C’est politiquement et syndicalement important de le voir et de le démontrer. Aussi, nous souhaitons nous assurer que le mouvement des agents ne vienne pas s’adosser à la ligne éditoriale de Lyon People qui pensent que l’écologie est une régression, ce serait une grave erreur tactique pour le mouvement social. Nous pensons que toutes les grèves doivent s’inscrire dans un processus révolutionnaire de grève générale et l’alerte de nos agents ce matin doit s’inscrire dans un tel processus de compréhension globale des causes de la maltraitance de nos conditions de travail.
Cela nous conduira à avoir un débat un peu baroque sur le budget. La droite va s’opposer à l’accomplissement du projet de Sarkozy : ne pas remplacer une partie des départs à la retraite, cela va être intéressant à observer. Les larmes de crocodiles de notre opposition qui soutient le monde libéral et la fin de la souveraineté fiscale des collectivités est une hypocrisie crasse.
Localement, nous avons pu observer la semaine dernière une préfète recadrée par son Ministre pour avoir pris des initiatives visant à trier les pauvres. Cela rappelle de mauvais souvenirs. Que l’expérimentation de trier dans les populations prises en charge par l’hébergement d’urgence ait été suspendue est heureux, mais que sa mise en œuvre ait été envisagée est inquiétant. C’est le raidissement autoritaire et réactionnaire observé partout en Europe. Et la France dévale cette pente à travers ses médias dominants. Jusqu’à opérer la censure par l’éviction, dont Jean-Michel Apathie vient par exemple de faire les frais, mais c’était aussi le cas de Guillaume Meurice et plus récemment Merwane Benlazar. Jusqu’où irons-nous ?
Quand j’essaye de trouver une définition de notre réalité capitaliste, j’évoque la fiction cinématographique à la croisée d’Hungers Games, de Zardoz et d’Apocalypse 2024. Tous ces films narrent la capacité d’une classe de riches dominants à s’isoler et à soumettre la masse des peuples à travailler pour leurs conforts décadents. Et la réalité paraît plus sordide et plus cynique que la fiction. En fait, la classe dominante, la bourgeoisie, est platiste, c’est-à-dire qu’elle est fait du même bois du ceux qui pensent que la Terre est plate : la colonisation est une chance pour les colonisés, l’argent accumulé ruisselle vers l’économie réelle et les emplois, les Etats-Unis sont nos alliés, le privé fait mieux que le public, etc etc… Sur ce dernier point, on voit bien d’ailleurs que ce soit pour les EHPAD, pour les crèches ou pour l’école que le privé fait effectivement mieux dans l’omerta, dans les violences et dans le déni des droits fondamentaux des être humains.
Une lecture de la situation politique internationale est la volonté des Etats-Unis de garder l’hégémonie mondiale sur la monnaie et qu’ils sont dans un affrontement direct avec la Chine sur le sujet. Ils ont donc besoin d’acheter la neutralité de la Russie dans cette bataille, peu importe si l’Europe et l’Ukraine en font les frais.
La guerre en Ukraine se poursuit, marquée par l’agression russe qui s’est transformée en une guerre d’usure. Le peuple Ukrainien, avec courage et détermination, résiste face à cette offensive. L’Ukraine le fait avec courage et un certain brio compte tenu de sa situation, montrant la fragilité de la rhétorique de Trump. Poutine va devoir préciser ses buts de guerre…
Mais ce basculement ne se limite pas aux conflits armés. Nous assistons également à une contre-révolution trumpienne, qui remet en question les fondements de la démocratie et des relations internationales. Les actions de Trump, marquées par une brutalité inédite, révèlent une hostilité envers l’Europe et un nationalisme exacerbé qui privilégie les intérêts américains au détriment de la coopération mondiale. Les conséquences de cette politique sont inquiétantes : trahison de l’Ukraine, instabilité économique, et un capitalisme prédateur qui ignore les droits des peuples et les enjeux écologiques jusqu’à la réaffirmation des visées impériales sur le Canada, le Groenland ou le Panama ou une politique économique pour le moins erratique entre hausses des tarifs de douane et chutes boursières.
La construction de la paix ne passera pas par l’alliance avec le plus fort militairement ou économiquement, car nous ne voulons pas jouer à la loi du plus fort. Il est choquant que les traités européens qui maltraitent les droits sociaux et les services publics en France depuis le 29 mai 2005 puissent se mettre au service de la guerre. Tout à coup, les règles d’austérité budgétaires n’existeraient plus pour faire du profit sur les ventes d’armes ? Aucun peuple ne veut cela, ni les Russes, les Ukrainiens, ni les Français, ni aucun autre peuple. “On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels”, disait Anatole France en 1922 dans le journal l’Humanité ! “Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux.” Toute ressemblance avec des événements récents est complètement fortuite ! L’Ukraine doit construire une économie de guerre socialiste où l’industrie est nationalisée et où le capital est maîtrisé pour les communs.
Résister face à la tentation du plus fort et remplacer ceci par la force de la loi. La loi sait être forte : elle vient de rajouter 2 années de travail à 25 millions de salariés en France. C’est puissant. Et c’est cette puissance de la loi qui s’applique à toutes et tous que nous pouvons brandir et construire au niveau national et international pour la paix. Si nous sommes d’accord pour faire contribuer les plus riches à des politiques publiques, ce n’est pas pour la guerre, mais pour la justice sociale et la transition écologique.
Préparer la paix, c’est préparer nos territoires à la violence du changement climatique entre sécheresses et inondations, entre pénuries et déplacement de population. Les collectivités locales d’ailleurs sont plus prêtes que l’État pour faire face à ces enjeux et pourraient s’avérer d’ailleurs être un meilleur échelon pour gérer les crises dans un monde à l’énergie pas chère rare. Le plan d’adaptation de l’Etat à +4°C d’ici 2100 est indigent et surtout sans aucun moyen en face des actions. S’il y a une guerre à mener, c’est celle de l’adaptation au changement climatique et il nous faut trouver les outils financiers de mobilisation de l’épargne.
Voilà notre lecture du moment international et local que nous apportons au débat de ce conseil.