PLAN CLIMAT AIR ÉNERGIE TERRITORIAL

Publié par Pauline FIVEL le

PLAN CLIMAT AIR ÉNERGIE TERRITORIAL

Nous vivons depuis quelques jours un nouvel épisode de canicule, dès la fin juin, ce qui était très rare il y a encore quelques dizaines d’années. Dans cet hémicycle, notre moyenne d’âge me permet de dire que vous le savez et que vous avez vécu ce changement climatique. Ce projet de PCAET l’écrit d’ailleurs : « comme en témoignent les événements climatiques récents, notamment sur le territoire métropolitain (sécheresses, vagues de chaleur, vents violents, crues et inondations), ni la France, ni l’Europe ne sont prêtes ».

Ces documents de planification, que nous avons plusieurs à l’ordre du jour aujourd’hui, sont parfois perçus comme des catalogues, des vœux pieux ou, pire, comme des carcans pénibles. Pourtant, ce plan climat est la traduction dans un document stratégique du rappel que l’adaptation est une condition de survie. C’est une feuille de route pour sauvegarder et protéger nos populations et notre vivant. Quelles sont nos forces ? Nos vulnérabilités locales ? Quelles réponses apporter face à ces crises ?

Si nous voulons respecter nos engagements européens d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, nos efforts devront être considérables. Les enfants qui naissent cette année connaîtront un climat que nous n’avons jamais connu, et vivront dans l’un des territoires avec le plus grand nombre de jours de canicule.

Ce plan est le fruit d’une concertation large et multipartite : habitants, communes, entreprises, associations et partenaires ont contribué à son élaboration, alimentée par les travaux de la convention métropolitaine sur le climat, qui sont également en annexe.

Mais je voudrais rappeler ici que mon inquiétude n’est plus dans la question de savoir si ce plan sera fait ou pas, mais si, dans les années qui viennent, nous serons encore capables de le produire, de le débattre, de l’adapter et de l’appliquer concrètement. À l’heure où les croyances identitaires, les faits divers ou les attaques contre la culture, l’université ou la pluralité des médias prennent de plus en plus d’ampleur, que valent nos plans climat ?

Nous les avons conçus en Europe pour garantir un équilibre, une justice et une responsabilité vis-à-vis du reste du monde, notamment en s’engageant à ne plus se comporter en prédateurs ou en consommateurs excessifs au détriment des pays du Sud. C’est une promesse d’équilibre, de justice géopolitique, qui repose sur la reconnaissance que nos actions ont des répercussions globales.

Ces plans sont aussi une promesse de résoudre, à notre échelle, les enjeux du changement climatique pour garantir une chance de survie juste et équitable. Ils doivent nous guider dans nos efforts pour garantir l’accès à l’eau pour tous, un logement décent permettant de vivre sans trop de froid ou de chaleur, et une alimentation suffisante.

Ce plan est là aussi pour rappeler quels efforts il faut faire pour assurer cette survie, sans déclencher de conflits ou des prédations, où certains îlots d’habitants barricadés regarderaient avec crainte ceux qui, à l’extérieur, souhaiteraient les remplacer. Il s’agit donc d’un enjeu de solidarité, de responsabilité collective, et de vigilance face aux défis à venir.

En somme, ces documents ne sont pas de simples formalités administratives, mais des outils essentiels pour que nous puissions, ensemble, relever les défis climatiques et sociaux qui nous attendent. Leur succès dépendra de notre capacité à continuer à débattre, à ajuster nos actions, et à faire preuve d’une volonté politique forte, tout en restant fidèles à nos valeurs d’équité et de solidarité.

Nos contradictions sont criantes : arrêtons le projet EACOP de Total qui menace les écosystèmes et déplace des populations, n’espérons pas sauver nos coraux dans le sommet sur les océans par le tourisme et le business (véridique cette table ronde). Si la guerre avec l’Iran entraîne la fermeture du détroit d’Hormuz – probablement le véritable enjeu des tensions -, nous serons contraints de faire face à des conséquences dramatiques car 40% du pétrole passe par là, il est évident que nous ne pouvons pas continuer à agir à l’envers de l’intérêt de tous nos enfants. A notre échelle territoriale, le plan climat c’est ça et il intègre les lieux pour continuer la conversation et le suivi dans l’assemblée des acteurs du climat.

La vraie question que je voudrais que chacun se pose, c’est celle de ce que vous voulez laisser à vos enfants et vos petits-enfants : un monde de smartphones avec des avatars dans lequel ils iront visiter des mondes virtuels ou un monde avec des relations avec les autres vivants ?

Il est temps de repenser nos choix, d’adopter des politiques cohérentes et responsables, pour bâtir un avenir plus durable. Adaptons-nous, oui, mais surtout, changeons nos trajectoires avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard pour le climat, trop tard pour la démocratie, trop tard pour la paix.