Cessons les caricatures, saisissons-nous des enjeux.
Publié par Florestan Groult le
Monsieur le Président, chers collègues,
Une mauvaise foi excessive. Je n’ai pas vraiment trouvé mieux comme premiers mots lorsque j’ai préparé mon intervention qui s’inscrivait forcément en lien avec les discours de rentrées politique de notre opposition et plus particulièrement des amis de M. Wauquiez ou de M. Macron.
Une fois n’est pas coutume, je vais vous livrer sans fard, mon regard de jeune élu qui avec celles et ceux de notre majorité, mettent toute leur force à déployer une politique en faveur de l’intérêt général, d’une véritable bifurcation écologique, et d’une vraie justice sociale
Et je vais vous le dire, c’est un regard affecté par cette politique politicienne qui s’exprime aujourd’hui. Par celles et ceux qui instrumentalise aujourd’hui l’outil démocratique de référendums, eux qui hier ne l’ont jamais proposé en plusieurs dizaine d’année de pouvoir. Ou encore par celles et ceux qui préempte la voix des habitants dans leur discours publics oubliant que nous avons, nous aussi, tout comme chacun d’entre vous, été élu.e.s au même suffrage universel direct et dans les mêmes conditions.
Ça m’a d’autant plus affecté que, je sais qu’il est possible de travailler avec certains d’entre vous. Le dire enlèvera d’ailleurs d’emblée toute tentative de nous caricaturer. De nous renvoyer l’idée que la radicalité de notre groupe, que j’assume pleinement, est synonyme d’essentialisation, d’absence de nuance ou d’incapacité de prise en compte de la complexité ou de dialogue.
Ceux-là, aujourd’hui, me pardonnerons, mais dans cette intervention préalable je ne peux que me demander, comment ne pas faire de lien entre la posture politicienne que l’on peut retrouver çà et là dans cette tribune et la confiance cassée de nos concitoyens avec les politiques.
Car enfin je vous avoue que, quand j’ai préparé cette intervention, je me suis brièvement demandé si nous n’avions en réalité pas affaire qu’à un gigantesque caprice de notables. Alors, je vous rassure d’emblée, j’ai chassé très vite cette idée. Je sais trop l’engagement républicain et l’implication quotidienne que nécessite le mandat de maire pour vraiment y croire et la retenir. Implication que, je le sais, vous partager avec nous. Reste donc oui, un réflexe d’une manœuvre politicienne, celle qui lasse nos concitoyens donc, mais celle qui cache quelque chose d’autre aussi.
Car enfin qu’est ce qui se cache derrière tout ça, qu’est-ce qui vous gêne vraiment ? Finalement, n’est-ce pas précisément ce que vous nous reprochez ? En vérité, je vais vous le dire, ce qui vous gêne vraiment on a l’impression que c’est la démocratie, c’est l’alternance démocratique.
Notre porte est ouverte. Et vous le savez très bien. N’en déplaise d’essayer de pérorer plus fort qu’elle est fermé, les mains tendus tournées vers les communes, les tournées de chacun des Vices-Président.e.s. pour le déploiement de leurs politiques est une réalité. Et de trouver parfois porte ou esprit fermés.
En réalité vous semblez incapable de rentrer dans une relation ou vous n’auriez pas de prééminence dans la décision. Envisager une construction symétrique sans que, nous soyons nous reléguer à quémander quelques vernis de justice sociale, et de transition écologique, sans que vous n’acceptiez de remettre en cause profondément le camion 3 tonnes 5 lancé à pleine vitesse depuis 30 ans et qui emporte sur son passage les gens et la planète.
Oui en vérité c’est ça qui vous gêne, de ne plus être dans une position hégémonique, de ne plus avoir le dernier mot, de devoir partager le pouvoir.
Vous parlez de coopération, vous convoquez sans cesse l’intérêt général mais en vérité nous avons l’impression que vous n’avez de cesse de ne le superposez qu’à votre propre intérêt, qu’à votre vision des choses.
Ou est votre capacité à douter ?, de reconnaitre parfois que vous avez eu tort ?, ou ne serait-ce que d’imaginer qu’il y ai d’autres politiques que ce fondamentalisme libéral, productiviste, consumériste, que cette politique de l’attractivité à tout prix. Bref, vous êtes incapables d’envisager une autre politique que la vôtre. Il va pourtant bien falloir la reconnaitre, car comment prétendre rentrer en relation avec nous avec quelque chose que vous niez.
Dois-je rappeler ici les propos de M. Marguin ou ceux de M. Pelaez, persuadé d’avoir le monopole du sérieux.
Laurent Wauquiez lui, continue dans la tyrannie des petites phrases qui ne nous intéresse pas et plus. Et avec lesquels je vous le concède nous n’avons pas l’habitude.
Puisqu’on en est au stade de la confession d’ailleurs au départ je me suis dit qu’on pouvait commencer cette intervention par « l’hôpital qui se fout de la charité ». Mais en fait, non. Parce que nous préférons les propos mesuré, les propos constructif.
Et vous pendant ce temps-là tout va bien, vous pouvez continuer d’utiliser les mêmes recettes : être contre un projet que vous souteniez la veille, mettre en scène grossièrement une volonté de protéger les terres agricoles alors même qu’on en a demandé le déclassement pour une zone d’activité, se placer en chantre de la défense de la démocratie en demandant un référendum sans n’en avoir jamais mis un seul en œuvre.
Alors, lorsque sans sourciller vous critiquer une métropole que avez, malgré quelques objections, largement soutenu à sa création. La mauvaise foi oui est excessive. Votre intérêt général c’était largement accommodé et avait largement alors, profité de chèques en blancs distribué à droite et à gauche en fonction des besoins d’allégeance du roi Collomb.
Et je vous le dis, tout ça, alimente la confusion, amène un manque de cohérence, renforce la défiance. Comment vous revendiquer de l’intérêt général, celui qui est censé consacrer l’idée et dépasser les personnes alors même que vous changez d’avis parce que ce n’est plus les mêmes personnes avec qui vous parler. C’est à mon tour de vous le dire : soyons sérieux.
Parce que ce qu’avec tout ça, vous omettez les vrais sujets, les vrais enjeux. Pour vous accrocher encore un tout petit peu à vos certitudes, pour ne pas envisager un seul instant qu’un autre chemin politique est possible, vous effacer la réalité de ce qui nous traverse. Et dans cette réalité-là, oui ça déborde de toute part.
Vous vous en étiez sans doute un peu facilement amusé en décembre dernier, mais il s’avère que ces illuminations de décembre comme vous dites n’ont jamais été aussi présentes, autant concrètes. Je vais vous faire plaisir, je vais persister et signer. Parce que oui partout ça déborde.
- Ça déborde des conséquences déjà là d’un réchauffement climatique que vous avez longtemps nié et qui frappe aujourd’hui de plein fouet. Les dômes de chaleurs de plus de 50°, les inondations meurtrières, l’assèchement des nappes ne sont que le début. Entendrez-vous cette fois les alertes du dernier rapport du GIEC, alors que je n’en ai vu aucune mention de votre part dans cette rentrée ? Accepterez-vous enfin de considérer que l’on ne peut pas s’en saisir uniquement par des aménagements au système libéral dont la sacro-sainte croissance n’enrichit que le capital et exploite toujours plus la nature et les gens comme si on pouvait les essorer à l’infini.
- Ça déborde et ça dérape aussi d’un fascisme toujours plus lancinant. Vous si prompte et si apte à demander des mea culpa pour un mot, pour un tweet ou une déclaration. Dénoncerez-vous enfin la reformation des groupuscules d’Extrême Droite à Lyon sous de nouveaux noms et le défilé de leurs milices cet été au cri « du vieux Lyon est à nous ! ».
- Ça déborde au « Chemineur », qui malgré l’engagement citoyen extraordinaire ne peut plus prendre en charge les jeunes abandonnés par nos institutions. Nous rejoindrez- vous pour faire honneur aux valeurs d’humanisme à la lyonnaise, et défendre auprès de la préfecture une politique intégrée de l’accueil. Accepterez-vous de prendre votre part dans l’effort et d’accueillir dignement certains de ces enfants sur vos communes ?
- La pauvreté elle aussi déborde, elle qui n’a cessé de s’accroitre, le nombre de pauvres atteignant presque 10 millions, pendant que, indécence insoutenable, les 50 plus riches de notre pays et les 10 plus riches de notre métropole multipliait par 2 leurs fortune. Appellerez-vous, enfin, à taxer les riches. Et vous M. Collomb, reconnaitrez-vous finalement à ce sujet l’échec des politiques du gouvernement qui vous as investi ici pour ces élections locales. Considérez-vous enfin que cette soit disant recette miraculeuse du ruissellement est passé ? Le ruissellement aujourd’hui il est uniquement du bas vers le haut. Vous avez inversé les lois de la gravité, je vous en félicite.
De gravité, je voudrais en reprendre quelque peu au moment de conclure.
Alors, je ne dis pas que cette métropole est parfaite, loin de là. Construire la métropole et l’articulation avec les communes est un vrai enjeu, je vous l’accorde. Mais cesser de caricaturer le débat, en permanence. Ça ne nous intéresse pas. Commencez à considérer que vous n’incarnez pas à vous seul l’intérêt général. Jouez votre rôle d’élus républicains, dénoncez les dérives d’extrême droite, ne refusez pas votre part de difficulté de l’exercice démocratique. Vous avez à travailler avec une autre pensée politique que la vôtre. Celle de l’écologie politique et populaire. Commencez par ne pas systématiquement remettre en cause sa validité. Faites avec et non sans.