Débat d’orientation budgétaire 2023
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Pour ce débat,
J’aurais aimé détailler une énième fois nos critiques sur le choix du gouvernement de réduire l’autonomie des collectivités en supprimant la CVAE,
J’aurais aimé développer notre argumentaire quant à la dépendance risquée de nos recettes à des prix de l’immobilier trop élevés et complètement déconnectés de la capacité des ménages à se loger,
J’aurais aimé dire pourquoi l’excellente situation financière de la Métropole liée à l’attractivité économique de notre territoire se fait égoïstement au détriment des départements voisins,
J’aurais aimé faire tout cela, mais j’ai préféré me focaliser sur un seul sujet par souci d’efficacité,
Je souhaite profiter de ce débat d’orientation budgétaire pour prolonger la discussion engagée la semaine dernière par médias interposés sur le financement collectif de nos déplacements,
Je dis volontairement « financement collectif de nos déplacements » et non pas « gratuité des transports en commun », car je ne souhaite pas qu’on s’enferme dans les raccourcis que se brandissent mutuellement les opposants et les partisans de la gratuité d’accès à un service public quel qu’il soit,
Depuis 50 ans, nous avons fait le choix d’utiliser la voiture individuelle comme mode principal de déplacement. Sur la Métropole, c’est près de 700 000 véhicules individuels que nous achetons, assurons, entretenons et remplissons de carburants pour nous déplacer.
Cela représente une masse financière annuelle qui est comparable au budget du SYTRAL et de la Métropole. J’évalue ce chiffre de l’ordre de 3 milliards d’euros que les habitants de la Métropole dépensent chaque année pour financer l’investissement et l’entretien de ce parc de 700 000 véhicules individuels.
C’est une belle absurdité de notre économie capitalisme et une preuve de son inefficacité vis-à-vis du bien commun et de l’intérêt général. 700 000 véhicules, c’est délétère pour la qualité de l’air et pour la qualité de vie. C’est surtout bombe sociale d’avoir rendu captifs de larges pans de la population à ce mode de déplacement. Par contre, il est vrai que du point de vue de l’industrie automobile, c’est assez efficace !
Nous vous proposons donc d’ici à 2050 de diviser par 4 notre parc de véhicules individuels et de socialiser les économies financières réalisées. C’est une proposition que nous porterons dans le cadre du SCOT. Voilà quelques centaines de millions d’euros, voire de milliards, chaque année que nous pourrions flécher sur les transports en commun et sur un service public intégré des mobilités (TC, train, vélo, autopartage, covoiturage…)
Avec de tels sommes, nous pourrions baisser les tarifs des transports en commun tout en améliorant le réseau, sans opposer l’un avec l’autre. Nous aurions de beaux débats pour savoir dans quel ordre financer de nouvelles lignes de métros !
Nous avons une bifurcation écologique et sociale de nos modes de déplacements à opérer d’ici 2050 pour conserver notre monde habitable et vivable, pour garantir une qualité de vie aux futurs habitants de notre Métropole,
Cela passe par des ruptures dans nos modes de production et de consommation. Notre proposition est de passer d’un usage individuel de la voiture à un usage collectif en réduisant fortement la taille du parc de véhicules et en le mutualisant. Nous pensons que cela est nécessaire, mais surtout que cela est possible !