Liaison Lyon-Turin : en finir avec le monde d’avant

Publié par Laurent Legendre le

Intervention sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin par Laurent Legendre, du @groupemirs, lors du Conseil de la Métropole de Lyon du 5 octobre 2020.

Intervention sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin par Laurent Legendre, président du groupe « Métropole insoumise, résiliente et solidaire » lors du conseil de la métropole de Lyon du 5 octobre 2020.

Délibération n°2020-0143. Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le Président, chères conseillères, chers conseillers,

Avant d’aller en Italie, laissez-moi vous emmener jusqu’en Suisse. Il existe là-bas la ligne ferroviaire à travers les Alpes, du nord au sud. Et parmi les ouvrages nécessaires à la réalisation de cette ligne, il existe le tunnel ferroviaire de base du Mont Saint-Gothard qui mesure 57,1 km de longueur. Il a été approuvé par les Suisses par référendum en 1992 et mis en service en 2016. C’est le plus long tunnel ferroviaire du monde. Et, vexés de ne pas détenir ce précieux record, les Français et les Italiens ont donc programmé et commencé la réalisation d’un tunnel plus grand de 400 m !

Oui, parce qu’en effet, le tunnel ferroviaire de base du Mont d’Ambin entre Saint Jean de Maurienne en France et Suse en Italie mesurerait 57,5 km et deviendrait ainsi le plus long du monde ! C’est donc la seule raison valable que nous voyons pour réaliser la liaison ferroviaire Lyon-Turin : détenir le record mondial du plus long tunnel, car pour les autres arguments, nous ne voyons pas vraiment l’intérêt d’aller au bout de ce projet :

  • en effet, la ligne ferroviaire rénovée en 2012 ne fonctionne qu’à 20 % de sa capacité et si on utilisait à plein aujourd’hui, la ligne actuelle, elle permettrait de sortir rapidement jusqu’à 1 million de camions, des routes tous les ans ;
  • le projet ensuite détruirait 1 500 hectares de terres agricoles, alors que nous visons la fin de l’artificialisation des sols pour préserver notre capacité à nourrir nos citoyens ;
  • le projet nécessiterait le déplacement de 43 millions de tonnes de matériaux, un bel exemple de l’extractivisme, symbole de notre temps ;
  • le projet n’est financé ni par le côté italien, ni par le côté français ;
  • et enfin, côté environnemental, la Cour des comptes européenne a remis un rapport cette année, concluant qu’il faudra, entre 25 et 50 ans à partir de l’entrée en service de l’infrastructure, avant que le CO2 émis pour sa construction soit compensé, ce qui n’est pas compatible avec notre objectif de lutte contre le réchauffement climatique pour 2040.

Nous devons en terminer avec l’aménagement du territoire concentrant toute l’activité dans les mains des grandes métropoles, ces trous noirs économiques qui ne font que concentrer les richesses aux mains de quelques-uns et accroître les inégalités. De longue date, opposés au projet Lyon-Turin, nous voyons d’un bon œil qu’un membre de notre nouvelle majorité puisse intégrer l’association transalpine, pour savoir s’il est intéressant ou non de construire le plus long tunnel du monde. Je vous remercie.