Autopartage : une vision pour 2030 !

Publié par Laurent Legendre le

Monsieur le Président,

C’est avec beaucoup de satisfaction que nous voterons cette délibération aujourd’hui.

Vous m’avez confié en octobre 2021 une lettre de mission sur le développement de l’autopartage dans le cadre de la ZFE et j’ai rendu mon rapport en février 2022. Depuis, de nombreuses séances de travail avec les services de la Métropole ont permis d’aboutir par itération à ce schéma directeur à horizon 2030. Ce travail au côté de Fabien Bagnon et Jean-Charles Kohlhaas a permis, je crois, une bonne dynamique collective, et je remercie les services pour leur implication dans la conduite des différentes étapes sur presque 2 ans.

Je suis éminemment convaincu de la pertinence de l’utilité sociale et de l’efficacité environnementale de l’autopartage. Tous les résultats de déploiement de tel service ailleurs dans le monde le montrent : la mobilité du quotidien se transforme pour les ménages concernés alliant économie et écologie.

Ce que nous votons aujourd’hui n’est que le début de l’histoire, et les premiers résultats sont assez prometteurs compte tenu du développement récent des différents services existants depuis 3 ans, dont Citiz. La Métropole de Lyon avait un retard à rattraper par rapport à d’autres grandes villes sur l’autopartage. Avec cet outil et les moyens que nous déployons pour aller vers un véritable service public avec tarification sociale, ce retard va rapidement être comblé, au profit des usagers.

Avec l’autopartage, nous pouvons tous faire des économies en diminuant et socialisant le parc de véhicules immatriculés sur la Métropole. Il est absurde d’avoir 700 000 véhicules sur le territoire, qui sont stationnés 95% du temps. Et qui génèrent de nombreuses nuisances lorsqu’ils circulent les 5% du temps restants. Nous pouvons faire mieux en faisant reculer la logique de la propriété privée pour basculer vers la mise en commun.

Je me permets de vous lire ici les conclusions de mon rapport de février 2022, elle sont toujours d’actualités.

« Longtemps considérée comme génératrice de liberté et de progrès, la voiture individuelle est désormais en milieu urbain une aliénation. Ce sont d’abord des contraintes individuelles d’achat, d’entretien, de stationnement, de consommation d’énergie et de frais d’assurances qui pèsent sur le budget des ménages, en particulier les plus modestes. Mais ce sont aussi des inconvénients collectifs majeurs : occupation de l’espace, aménagements du territoire, coût d’investissements et d’entretien pour des infrastructures routières et pollution de l’air.

Culturellement, la possession d’un véhicule individuel est un marqueur social. La proposition de changer la logique de propriété rencontrera des freins chez les habitantes et les habitants de la Métropole, y compris ceux ayant intérêt à changer. L’opportunité de renverser l’image sociale exactement inverse est possible, rendre la possession d’un véhicule individuel comme obsolète dans le monde sous contraintes que le changement climatique nous promet.

L’industrie de la voiture individuelle est un des poumons du capitalisme. Nous avons pleinement conscience que socialiser son usage va se heurter à de nombreux lobbies. Sans rôle actif de l’État dans la transition d’une industrie qui essaye de trouver un second souffle dans la motorisation électrique, il ne sera pas possible de convaincre des bienfaits pour toutes et tous de changer un modèle qui profite aujourd’hui aux grands propriétaires industriels au détriment de la qualité de nos espaces de vie. »